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Du 22 à Asnières au RNIS

Les enjeux à partir des années 60 sont de fournir un service de téléphonie efficace tout en opérant une numérisation des réseaux.
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Le renouveau du téléphone

Au fil des décennies, la France avait accumulé un retard considérable en matière de téléphonie. Au début des années 1960, « la moitié des Français attendait la tonalité tandis que l’autre moitié attendait le téléphone ». Alors que l’humoriste Fernand Raynaud se moque en 1966, dans son sketch célèbre du « 22 à Asnières », de cette situation catastrophique, les bases d’un futur redressement sont posées dans les laboratoires du CNET. Le renouveau des télécommunications s’est préparé de manière peu visible pour le public.

Recherche sur les Machines Électroniques

P.Marzin et sa pipeInformé par une mission d’ingénieurs des progrès réalisés outre-Atlantique par AT&T en matière de commutation électronique, Pierre Marzin crée en avril 1957 un nouveau département du CNET appelé RME (Recherche sur les Machines Électroniques). Sa mission : concevoir un système français de commutation électronique qui permettra de numériser les réseaux et d’équiper enfin le pays comme il en a besoin.

Deux directions s’offraient aux chercheurs. La plus audacieuse rompait totalement avec les anciens centraux. La plus « raisonnable » s’appuyait sur les anciens équipements pour en améliorer les performances grâce à des calculateurs électroniques. Deux fers sont mis au feu : le spatial (système intermédiaire) dans les laboratoires parisiens, le temporel (système radicalement neuf) au centre de recherche de Lannion. L’option spatiale débouche dès 1963 sur les prototypes dénommés ARISTOTE et SOCRATE.

L’ère du téléphone numérique

En rupture totale avec les systèmes en place, la commutation temporelle est étudiée par une autre équipe dans le cadre du projet PLATON. Le chemin fut long car les chercheurs français allaient là où même les Bell Labs n’avaient pas encore osé s’aventurer. Le succès fut au rendez-vous. Pour la première fois dans le monde, un autocommutateur temporel fonctionnait à Perros-Guirec en 1970. L’inauguration officielle du dispositif opérationnel le 18 juillet 1972 ouvrait l’ère du téléphone numérique. La France y prit une place de premier rang grâce à une industrialisation réussie confiée à Alcatel qui commercialisa dans le monde entier le central E10.

Le Réseau Numérique à Intégration de Service

Les recherches portant sur les réseaux à commutation par paquet constituèrent une autre orientation importante prise par le CNET, les premières études portant sur la conception d’un nouveau réseau d’acheminement de données reposant sur ce principe étant engagées au début des années 1970. Le CNET défend la notion de circuit virtuel, reprise très rapidement par les grands opérateurs internationaux. En 1974, la définition des matériels de transmission et de multiplexage était achevée, l’ensemble des spécifications du réseau dénommé Transpac étant transmises à la Direction Générale des Télécommunications en novembre. L’appel d’offres pour Transpac fut lancé l’année suivante et le réseau ouvert en 1978. La modernisation du réseau français pouvait commencer réellement. Elle fut menée en quelques années pour en faire en 1980 le réseau le plus numérisé du monde.

Le Réseau Numérique à Intégration de Service (RNIS) est la prolongation de la numérisation des transmissions et de la commutation amorcée au cours des années 1970. Il répondait à une logique développée principalement au sein du CNET, favorisant la création d’un réseau unique, acheminant indifféremment tout type d’information. Ainsi serait perpétuée l’universalité du réseau téléphonique, tout abonné pouvant se connecter à l’ensemble des abonnés pour la totalité des services proposés sur un réseau unique.

Le projet RENAN pour le raccordement numérique des lignes

Cette logique n’était pas alors partagée par les pays anglo-saxons. À la dynamique de l’offre technologique, sous-tendue par le RNIS, s’opposait en effet celle de la demande de service, suscitant lorsque cela s’avérait nécessaire la création de liaisons spécialisées. Une telle démarche avait pour corollaire le risque de voir se créer une multitude de réseaux incapables de s’ouvrir les uns aux autres. Ainsi, au spectre du centralisme à la française dénoncé par certains, ne semblait pouvoir répondre qu’une « Babylone des télécommunications ». L’avance prise par la France en matière de numérisation du réseau militait en faveur d’une évolution permettant de valoriser celle-ci. Il s’agissait d’étendre le réseau numérique jusque chez l’abonné, afin que celui-ci puisse profiter intégralement de ses avantages. Cette mutation fut préparée au sein du CNET dans le cadre du projet RENAN (Raccordement Expérimental Numérique pour lignes d’abonnés Analogiques et Numériques).

Le premier réseau local RNIS était ouvert le 21 décembre 1987 dans les Côtes-du-Nord. En 1988, les services du RNIS prenaient le nom commercial de Numéris et le réseau était étendu à Rennes, Paris et à l’Ile-de-France. À la fin de l’année 1990 l’ensemble du territoire était couvert.

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